Ils sont partout. Dans le salon, dans la poche, dans la chambre. Les jeux vidéo font désormais partie intégrante de la vie des enfants et des ados, bien au-delà d’un simple loisir du mercredi après-midi.
Ils construisent, s’affrontent, coopèrent, collectionnent, vivent des aventures épiques… le tout en ligne, parfois dans des mondes que les parents ne comprennent pas toujours.
Alors, comment réagir ?
Faut-il limiter ? Expliquer ? Interdire ? Jouer avec eux ?
Et surtout, quels repères peut-on leur transmettre pour qu’ils grandissent sereinement dans un monde numérique omniprésent ?
Dans cet article, on t’aide à :
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mieux comprendre les mécanismes et les codes des jeux vidéo,
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distinguer les vrais risques des idées reçues,
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poser un cadre éducatif clair et bienveillant,
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et saisir comment les jeux peuvent aussi devenir de puissants outils pour développer les soft skills, l’autonomie ou la coopération.
Les jeux vidéo : un terrain d’apprentissage (presque) comme un autre
Contrairement à une idée reçue encore tenace, les jeux vidéo ne sont pas qu’un divertissement passif ou un piège pour enfants désœuvrés. Bien au contraire.
« Sans exception, tous les jeunes ont dit que ça leur a apporté des choses positives : les liens sociaux, l’amusement, les réflexes, les apprentissages, se détendre. »
Les bienfaits documentés sont nombreux :
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renforcement des fonctions cognitives (mémoire, attention sélective, réactivité),
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amélioration de l’organisation et de la planification,
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développement des compétences sociales : entraide, coopération, communication,
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stimulation de la créativité et de la résolution de problèmes.
Même dans des jeux considérés comme “violents” ou “compétitifs”, les comportements prosociaux peuvent être très présents. Par exemple, travailler en équipe dans Fortnite ou négocier une mission dans Minecraft développe la communication et l’adaptabilité.
Addiction ou passion ? Apprendre à faire la différence
C’est LA grande question que se posent beaucoup de parents : mon enfant est-il accro ? Faut-il s’inquiéter s’il joue tous les soirs ?
« Ce qui peut poser la question, ce qui va être un facteur de risque, c’est la motivation à jouer. »
Autrement dit, ce n’est pas tant le temps passé qui pose problème, mais l’intention derrière le jeu :
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L’enfant joue-t-il pour fuir la réalité, l’école, une angoisse ?
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Ou bien joue-t-il pour se détendre, s’amuser, apprendre, créer ou rester en lien avec ses amis ?
L’usage devient préoccupant s’il prend le pas sur toutes les autres activités, s’il y a un changement brutal de comportement, un isolement, un refus de s’alimenter ou de venir manger.
Mais dans bien des cas, ce que les adultes interprètent comme un excès n’est qu’un usage intense d’un loisir… exactement comme on aurait pu passer des heures au piano ou au foot.
Gérer les émotions : le vrai défi du jeu vidéo
Ce qui ressort le plus des inquiétudes parentales, c’est la gestion des émotions. Colère, frustration, cris… certains enfants vivent leur partie de jeu comme une question de vie ou de mort.
« Pourquoi on a l’impression qu’ils sont en train de mourir, que toute leur vie s’arrête ? Le niveau d’enjeu a l’air dinguissime par rapport à la vraie vie. »
C’est que le jeu active le circuit de la récompense et peut générer une forte charge émotionnelle. Certains jeux utilisent même des mécanismes psychologiques volontairement addictifs, comme les “dark patterns”.
Mais là encore, ce n’est pas une fatalité. Des solutions existent :
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Fixer un cadre clair de durée de jeu (ex : 30 minutes pour les plus jeunes),
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Préférer des jeux à mission courte ou collaboratifs pour les plus petits,
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Utiliser des outils pédagogiques ou du coaching émotionnel (oui, ça existe !),
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Et surtout, accompagner l’enfant dans la verbalisation de ce qu’il ressent.
Jouer pour mieux comprendre : le rôle essentiel des parents
L’un des grands enseignements de l’épisode, c’est que les parents ont tout intérêt à s’intéresser de près à l’univers du jeu vidéo. Non pas pour devenir gamer ou pour tout contrôler, mais pour comprendre et mieux dialoguer.
« Le parent peut se placer en tant qu’élève, et laisser son enfant devenir expert de son univers. »
C’est aussi un moyen de :
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renforcer le lien parent-enfant,
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partager des moments de complicité (et parfois de fous rires),
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adapter le choix des jeux en fonction de l’âge, de la sensibilité et des besoins de l’enfant,
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découvrir des jeux méconnus mais extrêmement enrichissants (comme Animal Crossing, Hollow Knight, ou des jeux d’exploration à forte dimension émotionnelle).
Quel cadre poser ? Des repères pour parents un peu paumés
Pas facile de savoir quoi autoriser, à quel âge et combien de temps. Voici quelques repères pratiques issus de l’épisode :
Durée de jeu :
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Vers 7 ans : 30 minutes maximum par session,
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Adapter selon l’enfant, le type de jeu, la fatigue, etc.
Choix du jeu :
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Se référer à la classification PEGI, mais aussi à la maturité émotionnelle de l’enfant,
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Vérifier les mécanismes du jeu : est-ce un “pay-to-win” ? un monde ouvert ? un jeu à missions ?
Serveur sécurisé :
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Vérifier que les enfants jouent avec leurs amis, sur des serveurs fermés (et non avec des inconnus),
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Utiliser les contrôles parentaux des consoles (notamment sur Switch).
Dialoguer et observer :
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Poser des questions ouvertes : “qu’est-ce que tu préfères dans ce jeu ?”,
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Observer les réactions émotionnelles, le comportement global, et les changements éventuels.
Les jeux vidéo comme outil éducatif ? Oui, c’est possible !
Le jeu vidéo peut devenir un outil d’apprentissage, même à l’école. Des versions pédagogiques comme Minecraft Éducation sont utilisées en classe. D’autres jeux permettent de travailler :
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les émotions (avec des jeux narratifs),
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la collaboration (en ligne ou en local),
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ou encore l’estime de soi.
« C’est passionnant tout ça. J’ai envie de dire : non, les jeux, c’est pas mauvais. Ça dépend ce qu’on en fait. »
Des ressources existent aussi pour les parents, comme les fiches pédagogiques développées par des psychologues pour aider à choisir des jeux selon des objectifs éducatifs (émotions, mémoire, organisation…).
Conclusion : accompagner plutôt que diaboliser
Tu l’auras compris, il ne s’agit pas de laisser son enfant devant une console sans cadre, ni de bannir tous les écrans. L’enjeu, c’est d’accompagner avec lucidité et curiosité cette pratique culturelle devenue omniprésente.
Les jeux vidéo ne sont pas l’ennemi. Ils peuvent être un vecteur d’épanouissement, d’apprentissage, de lien social et de plaisir. Encore faut-il les comprendre… et parfois, y jouer un peu aussi.
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