Les enfants ne bougent plus : comment réagir face à la sédentarité infantile ?

Ils grandissent devant un écran, assis dans une salle de classe, puis à une table de devoirs, puis sur un canapé. La sédentarité est en train de devenir un vrai problème de santé publique chez les enfants et les ados, et elle est souvent ignorée dans les discussions éducatives.

En tant que parent, comment favoriser une éducation qui donne (vraiment) envie à nos enfants de bouger ? Et surtout, quels repères peut-on leur transmettre pour leur permettre de grandir en confiance, en bonne santé, sans tomber dans le piège du tout-écran et du tout-assis ?

Dans la vie, tout est question d’équilibre !

Dans cet article, je t’aide à :

  • mieux comprendre les effets de la sédentarité sur le développement des enfants,

  • identifier les obstacles qui freinent le mouvement au quotidien,

  • agir concrètement à la maison, à l’école ou dans la ville,

  • et surtout, redonner une vraie place au corps dans l’éducation.

     

Pourquoi la sédentarité est plus dangereuse qu’on ne le croit

Longtemps considérée comme un simple manque d’activité, la sédentarité est en réalité un facteur de risque majeur. Elle “tue plus autant que le tabac”. En clair, elle augmente les risques de diabète, de maladies cardiovasculaires, de dépression, et même de troubles de l’attention.

Et cela commence tôt. Très tôt. Selon l’OMS, la France est classée 119e sur 145 pays en termes de pratique d’activité physique chez les adolescents. En primaire déjà, de nombreux enfants ne bougent pas assez pour assurer leur bon développement physique et mental.

Ce n’est pas seulement une question de sport. C’est une question de mouvement. De liberté. De confiance dans son propre corps. Et ce déficit de mouvement crée un déséquilibre : les enfants accumulent de l’énergie sans pouvoir la libérer, ce qui se traduit par de l’agitation, de la fatigue, ou à l’inverse un repli sur soi.

Pourquoi bouger est vital pour apprendre

On oublie parfois que le corps est un allié fondamental dans les apprentissages. Marcher, courir, sauter, grimper, ce n’est pas seulement “se défouler” : c’est renforcer la mémoire, développer la concentration, apaiser les émotions.

Le mouvement active certaines zones du cerveau liées à la compréhension et à la mémorisation. Il permet aussi de réguler le stress, d’améliorer le sommeil, et de booster la confiance en soi. Bref, un enfant qui bouge, c’est un enfant qui apprend mieux.

Et ce n’est pas une lubie pédagogique. C’est documenté par des dizaines d’études, dans des pays qui ont déjà pris le virage d’une éducation plus active. Au Danemark, aux Pays-Bas, en Finlande, les élèves sortent, marchent, s’étirent ou bougent régulièrement dans la journée. Résultat : de meilleurs résultats scolaires… et moins de consultations pour troubles de l’attention.

Ce qui freine le mouvement des enfants aujourd’hui

On pourrait penser que si les enfants ne bougent pas, c’est qu’ils ne veulent pas. En réalité, c’est souvent l’environnement qui ne le permet pas.

Il y a d’abord l’école, bien sûr. En France, les enfants passent en moyenne 6 heures assis par jour en classe, avec très peu de pauses actives. Et dans beaucoup d’établissements, les récréations sont limitées, le sport est concentré sur une seule demi-journée hebdomadaire, et les activités périscolaires sont parfois inaccessibles.

Mais le frein ne vient pas que de l’école.

Les familles, elles aussi, sont prises dans un rythme qui laisse peu de place au jeu libre ou aux activités physiques non encadrées. Même quand on a envie de les faire bouger, on ne sait pas toujours comment faire. On est fatigué, on n’a pas le temps, on culpabilise…

Et puis il y a la ville. Les trottoirs sont étroits, les parcs sont éloignés, les aires de jeux sont parfois inadaptées ou mal sécurisées. Difficile de dire à son enfant : “va jouer dehors” quand le dehors semble peu accueillant.

Comment remettre du mouvement dans le quotidien (sans tout bouleverser)

Il ne s’agit pas de s’improviser coach sportif ou de transformer son salon en salle de sport. Il s’agit de redonner une place au corps dans la vie quotidienne. Et parfois, ça commence par des micro-changements :

  • Marcher jusqu’à l’école plutôt que de prendre la voiture,

  • Organiser un moment de danse après le dîner,

  • Installer un tapis de gym dans le salon pour des roulades improvisées,

  • Inviter les enfants à faire une pause mouvement entre deux devoirs.

Le but, ce n’est pas de faire du sport à tout prix, c’est de créer une culture du mouvement, une culture corporelle.

Et pour ça, le jeu libre est une ressource précieuse. Grimper, courir, inventer des parcours, faire semblant… ces activités ludiques développent l’imaginaire, la coopération, la motricité. Pas besoin de matériel coûteux. Un carton, une corde, un coussin suffisent parfois à déclencher une heure de jeu actif.

À l’école aussi, tout peut changer

L’école n’est pas figée. De plus en plus d’enseignants expérimentent des approches alternatives : pauses actives entre deux leçons, séances de yoga en classe, enseignement dehors, jeux de mouvement liés aux apprentissages…

Dans certains établissements, on autorise les enfants à se lever pour aller poser une question, à marcher pendant une lecture, ou à faire des exercices debout. Et les résultats sont étonnants : plus d’attention, moins d’agitation, un climat de classe plus serein.

Il faut qu’on arrête de penser que l’enfant sage est un enfant assis.

Le mouvement ne nuit pas à la concentration. Il la renforce. Il aide les enfants à se réguler, à canaliser leur énergie, à se recentrer. En bougeant, l’enfant apprend aussi à mieux se connaître, à mieux se respecter. Et ça, c’est une compétence psychosociale essentielle.

Redonner confiance dans le corps : un enjeu éducatif majeur

Quand un enfant grimpe, saute ou court, il n’exerce pas seulement ses muscles. Il développe aussi une compétence invisible mais essentielle : la confiance corporelle. C’est-à-dire la sensation d’être capable, de pouvoir se mouvoir dans l’espace, de réagir, d’oser.

Cette confiance-là est un pilier du développement de l’estime de soi. Elle prépare à prendre des décisions, à gérer des imprévus, à affronter les difficultés. Elle joue un rôle dans la prise de parole, dans la socialisation, dans les apprentissages… et même dans la prévention des conduites à risque à l’adolescence.

Un enfant qui a confiance dans son corps, c’est un enfant qui va mieux dans sa tête.

Et les écrans dans tout ça ?

Impossible de parler de sédentarité sans aborder la place des écrans. S’ils peuvent être une source d’apprentissage, de création ou de lien social, ils sont aussi un puissant facteur d’immobilité.

Les enfants de 6 à 17 ans passent en moyenne 4 à 6 heures par jour devant un écran, en dehors du temps scolaire. Ce n’est pas tant le temps passé qui inquiète, que ce qu’il remplace : le jeu libre, l’exploration, le mouvement spontané.

Réduire les écrans n’est pas forcément la solution magique. Mais réintroduire du mouvement, du jeu, du dehors, peut naturellement en limiter l’usage. Car un enfant qui s’amuse à l’extérieur, qui joue avec d’autres, qui bouge et rit, n’a pas besoin d’un écran pour se divertir.

Et si on repensait l’éducation à partir du corps ?

Au fond, la vraie question n’est pas : “comment faire bouger les enfants ?” mais plutôt : “pourquoi les a-t-on fait autant s’arrêter ?”

Le corps a longtemps été perçu comme un simple véhicule, voire un dérangeant bruit de fond dans la scolarité. Aujourd’hui, on redécouvre qu’il est une porte d’entrée puissante vers l’apprentissage, la confiance et la relation à soi.

Les soft skills ne se développent pas que dans la tête. Elles se construisent aussi dans le corps : la patience, la persévérance, la coopération, la gestion des émotions… Toutes ces compétences comportementales prennent racine dans des expériences concrètes, souvent physiques.

Ce qu’on peut retenir

  • La sédentarité est un vrai enjeu de santé publique chez les enfants.

  • Le manque de mouvement impacte leur bien-être, leur estime d’eux-mêmes, et leurs apprentissages.

  • Parents, enseignants et collectivités ont tous un rôle à jouer pour remettre le mouvement au cœur du quotidien.

  • Repenser l’éducation par le corps, c’est renforcer les soft skills et la santé mentale de nos enfants.

  • Et parfois, ça commence par un jeu, une balade, ou un moment de danse dans le salon.

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