On parle souvent de la santé physique de nos enfants. Vaccins à jour ? Bonne alimentation ? Activité physique régulière ?
Mais la santé mentale, elle, reste encore trop souvent un angle mort.
Et pourtant, aujourd’hui, les signaux d’alerte se multiplient : stress scolaire, phobie, isolement, troubles anxieux, perte de motivation… Il est temps d’ouvrir les yeux. Et surtout, d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Une génération sous pression
À l’adolescence, tout change. Le corps, les émotions, les relations. Mais ce qui a changé ces dernières années, c’est aussi le contexte dans lequel grandissent nos enfants :
-
Un monde incertain (crises, guerres, urgence écologique)
-
Une pression scolaire accrue (notes, orientation, parcoursup)
-
Une surexposition aux écrans et aux réseaux sociaux
-
Des familles souvent débordées et culpabilisées
Et les chiffres sont là : 1 ado sur 7 souffre d’un trouble mental. Et la France figure parmi les pays européens où le mal-être des jeunes est le plus élevé.
Quand s’inquiéter ? les vrais signaux à repérer
Tous les ados changent, c’est normal. Mais certains changements doivent alerter.
Pour aider les parents à y voir plus clair, la plateforme I AM STRONG, spécialisée dans la santé mentale des jeunes, a développé une méthode simple et mémotechnique : SACAPUNI.
Un acronyme facile à retenir pour observer 8 dimensions clés :
-
Sommeil : difficultés d’endormissement, insomnies répétées
-
Amis : isolement, ruptures dans le cercle social
-
Comportement : repli, agressivité inhabituelle
-
Absences répétées : surtout à l’école
-
Poids : pertes ou prises de poids soudaines
-
Usage : tabac, alcool, drogues
-
Notes : chute brutale des résultats scolaires
-
Idées noires : discours fatalistes, phrases inquiétantes
Un seul signal n’est pas forcément alarmant. Mais l’accumulation, ou leur persistance dans le temps, doivent pousser à agir.
Ce que l’école ne voit pas (toujours)
L’école est souvent le premier lieu où les signes apparaissent… mais pas toujours celui qui les identifie.
Pourquoi ? Parce que nos systèmes scolaires valorisent encore les performances visibles : notes, comportements en classe, assiduité. Or, le mal-être est souvent silencieux.
Un ado qui se renferme, qui ne parle plus, qui décroche doucement… peut passer entre les mailles du filet. D’où l’importance du rôle des parents, en première ligne pour observer, dialoguer, soutenir.
Et les réseaux sociaux dans tout ça ?
C’est aujourd’hui la première source de conflits entre parents et ados. Mais ce n’est pas qu’une question de temps d’écran. Le vrai enjeu, c’est le contenu.
Certains ados passent des heures à scroller des vidéos banales. D’autres tombent sur des contenus anxiogènes, violents, ou qui valorisent des idéologies extrêmes, des troubles du comportement, voire des discours haineux.
Le plus inquiétant ? La rapidité avec laquelle les algorithmes les emmènent vers ces univers.
D’où l’importance d’ouvrir le dialogue sur les contenus consommés, pas seulement la durée. Et surtout, de garder le lien, sans jugement.
Prévenir, c’est éduquer à se connaître
Le vrai antidote au mal-être ? Ce n’est pas un filtre parental, ni une application miracle.
C’est l’éducation émotionnelle et relationnelle, ce sont les soft skills : ces compétences humaines qui permettent de :
-
comprendre et exprimer ses émotions
-
demander de l’aide
-
faire face aux frustrations
-
s’adapter au changement
-
entretenir des relations saines
Ce que les compétences qui sont, selon l’OMS, indispensables au bien-être mental des jeunes.
Que peut-on faire en tant que parent ?
Pas besoin d’être psy ou éducateur pour agir. Voici quelques gestes simples mais puissants :
Poser des questions ouvertes
“Qu’est-ce qui t’a fait sourire aujourd’hui ?”
“Tu préfères quand on parle ou que l’on fasse autre chose ensemble ?”
Écouter sans interrompre
Pas de conseils, pas de jugement. Juste de l’écoute active.
Partager ses propres émotions
Dire “j’ai eu une journée difficile” ou “je suis inquiet” montre que la vulnérabilité est normale.
S’intéresser à leur univers numérique
Demander ce qu’ils regardent. S’abonner à leurs créateurs préférés. Partager un mème. Rire ensemble.
Créer des moments “hors cadre”
Balades, jeux, cuisine, ciné… Le dialogue vient souvent dans l’action, pas face à face.
Et quand faut-il demander de l’aide ?
Quand tu as un doute, n’attends pas. Il vaut mieux consulter pour rien… que trop tard.
Des structures existent : maisons des ados, psychologues scolaires, associations, plateformes spécialisées.
Et non, voir un psy ne veut pas dire être “fou”. C’est juste prendre soin de sa santé mentale, comme on va chez le médecin pour une grippe.
Ce qu’on retient
✔ Le mal-être ado n’est pas une fatalité
✔ Des signaux peuvent alerter… si on les observe
✔ La prévention passe par le lien, l’écoute, la curiosité
✔ Les soft skills sont des outils de résilience
✔ Les parents ont un rôle clé, mais ne sont pas seuls
Et surtout, n’oublions jamais :
Un ado qui va bien, c’est un ado qui se sent écouté, reconnu et soutenu.
Pas besoin d’être parfait. Juste d’être présent.
0 commentaires