Un enfant ne se dépose pas comme un colis.
Il a besoin d’adultes qui se parlent.
Depuis plus de 30 ans, le plan Vigipirate est devenu la norme.
Ce qui devait être exceptionnel est aujourd’hui un réflexe pavlovien :
alerte, fermeture, interdiction, contrôle.
Et les parents ? Personae non grata.
La déconnexion progressive entre parents et institutions
En tant que parent, j’ai connu 2015, l’interdiction de rester devant la grille.
Puis la pandémie a achevé ce lien déjà fragile.
Chaque rentrée, la même consigne :
“C’est Vigipirate, vous déposez et vous repartez immédiatement.”
Au gymnase, au conservatoire, dans les écoles : partout, les mêmes panneaux, les mêmes portes closes.
Même pour 45 minutes d’activité, impossible de rester, d’observer, d’échanger.
Et au fil des années, un constat s’impose :
on a remplacé la confiance par la suspicion.
En voulant protéger, on a isolé
Sous prétexte de sécurité, on a effacé les liens humains essentiels :
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Plus de dialogue direct avec les enseignants,
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Plus d’observation du quotidien des enfants,
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Plus de présence rassurante pour ceux qui en ont besoin.
Résultat : une éducation “pose-dépose”, déshumanisée.
Une école devenue bunker.
Les chiffres sont éloquents
Selon les données PISA :
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Seuls 16 % des parents français participent activement à la vie scolaire de leurs enfants, contre 50 % en moyenne dans les pays de l’OCDE.
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La France fait partie des pays où la coéducation est la plus faible, alors qu’elle est l’un des leviers majeurs de la réussite scolaire.
Ce n’est pas un désintérêt parental.
C’est une mise à l’écart institutionnelle.
Et cette rupture coûte plus cher à nos enfants qu’un hypothétique risque déjoué.
La coéducation : un pilier à reconstruire
La coéducation, c’est la collaboration entre parents, enseignants et éducateurs.
Et ses effets sont mesurables :
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Meilleure détection des besoins particuliers,
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Prévention du harcèlement scolaire,
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Parcours d’orientation plus cohérents,
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Intégration facilitée pour les familles allophones,
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Renforcement du sentiment de sécurité affective.
Mais tout cela repose sur un ingrédient essentiel :
le lien humain.
Ouvrir la porte, pas la refermer
La sécurité ne doit pas être un prétexte à l’isolement.
Elle doit devenir un levier de coopération.
Car un enfant ne se construit pas entre deux grilles fermées,
mais entre des adultes qui se parlent, se font confiance et agissent ensemble.
Il est temps de rouvrir les portes — symboliquement et concrètement —
pour remettre l’humain au cœur de l’éducation.
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