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Il y a quelques jours, alors que j’arrivais sur un lieu touristique, un petit garçon d’environ 3 ans était en train de hurler, accroupi par terre : « je suis fatigué, je suis fatigué, je suis fatigué ! ». Ses parents se regardaient, ennuyés, et devant les regards des passants, son père l’a enfin pris dans ses bras et ils sont partis. Là, deux couples qui avaient vraisemblablement assisté à la scène depuis le début, se mettent à discuter de ce qu’ils viennent de voir et l’un d’eux dit : « il a lâché, c’est n’importe quoi ! Le père n’aurait jamais dû le porter… ».

Je me suis dit : « il a lâché quoi ? ». Ce petit garçon, qui avait des jambes trois fois plus courtes que celles des adultes, venait certainement de marcher un (long) moment pour visiter ce lieu qui comporte par ailleurs beaucoup d’escaliers. Il était midi trente et il devait également avoir faim. Il affirmait avec une telle force qu’il était fatigué que cela ne semblait pas être une comédie mais plutôt un sentiment de colère face à l’incompréhension de ses parents.

Les vacances sont évidemment propices à ce type de scènes et en tant qu’adulte, on a vite tendance à cataloguer les pleurs et à les mettre dans les cases « caprice » ou « comédie » …

Alors si votre enfant pleure en vacances pour une glace, un bateau gonflable ou le départ de la plage, cet article est pour vous !

Le cerveau de nos enfants ne prend pas de vacances !

Pendant des années, les scientifiques se sont attachés à étudier les neurosciences cognitives, c’est-à-dire la manière dont on apprend à lire, compter ou encore comment fonctionne notre mémoire. Plus récemment, ils ont commencé à étudier les neurosciences affectives qui traitent des sentiments, des émotions et des relations avec les autres.

 

Les récentes découvertes qui en découlent permettent de mieux comprendre l’être humain et plus particulièrement nos enfants. Alors roulement de tambour, pour ceux qui n’avait pas encore eu l’information : des expériences ont démontré que le cortex préfrontal qui gère la partie émotionnelle du cerveau ne commence à devenir mature qu’à partir de 5/6 ans !

Ces découvertes expliquent notamment le tsunami émotionnel des jeunes enfants. Dans son livre « Pour une enfance heureuse – Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau », Catherine Gueguen explique que lorsqu’un enfant “est laissé seul face à ses émotions de tristesse, de colère, de peur, son amygdale cérébrale active la sécrétion de molécules de stress, du cortisol, de l’adrénaline, qui, en quantité importante, peuvent être toxiques pour le cerveau et l’organisme ».

Par conséquent, son cerveau ne peut pas contrôler ses émotions d’un point de vue biochimique et neurologique, ce  qui explique l’intensité des émotions dans les magasins, au restaurant, à la plage etc…

Évidemment, les vacances sont propices aux nouvelles expériences et aux tentations, ce qui concrètement revient à placer un enfant au milieu d’un magasin de bonbons sans pouvoir lui en donner… même pour nous, cela serait difficile !

 Et cela ne concernerait pas seulement les enfants de moins de 6 ans puisque la maturation cérébrale se termine entre la fin de l’adolescence et 25 ans !

Caprice ou vagues d’émotions ?

Par conséquent, si je reviens à mon exemple en introduction, le petit garçon qui pleurait en hurlant « je suis fatigué » ne faisait certainement pas un caprice mais ne parvenait tout simplement pas à gérer ses émotions.

Pour rappel, voici la définition d’un caprice : désir, volonté subite, irréfléchie et passagère, à l’encontre du bon sens ou des recommandations.

Pensons-nous donc que notre enfant, lorsqu’il crie parce qu’on vient de faire 2h de visite, refuse de prendre le bateau parce qu’il a peur d’aller en mer, ou pleure parce qu’il doit rester assis au restaurant, fasse preuve d’une volonté subite à l’encontre du bon sens ?

Ce qui est sûr, c’est que ces différentes situations entrainent sans aucun doute une émotion. L’émotion, c’est une expérience psychophysiologique complexe et intense. C’est un trouble subi, une agitation passagère causée par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc.

Notre enfant est donc probablement découragé quand il doit faire une longue visite à pied, craintif à l’idée d’aller en mer ou ennuyé par le fait de rester assis au restaurant trop longtemps.

En tant que parent, on idéalise les vacances parce qu’on les attend toute l’année. Du coup, on a très probablement tendance à projeter nos désirs sur nos enfants. Si on aime la randonnée ou le bateau, on pense que nos enfants aimeront ça aussi, au lieu d’être plus attentif à leurs propres désirs et à leurs émotions …

    Comment accompagner nos enfants dans la gestion de leurs émotions ?

    Face à ces émotions qui surgissent quotidiennement, il est maintenant certain qu’il est contre-productif de les renier ou de vouloir les stopper. Aujourd’hui les pédiatres et pédopsychiatres s’accordent sur le fait qu’il faut plutôt les accompagner.

    A l’âge de 7 ans, les enfants atteignent le fameux « âge de raison » et devraient donc être plus à même d’analyser leurs émotions. Néanmoins, cette maturité dépend beaucoup de l’environnement dans lequel ils ont grandi. Plus l’enfant évolue dans un environnement familial et scolaire avec de l’empathie, de l’écoute, de l’apaisement, de la reconnaissance face à ses émotions et plus son cerveau se développera. Il sera en capacité de se contrôler davantage.

    Nous devons donc réfléchir à notre posture parentale et accepter, accompagner les émotions de nos enfants même si parfois, elles peuvent nous déranger.

    L’idée n’est pas d’être laxiste et de laisser tout passer mais d’aider notre enfant à comprendre ce qui se passe. Il ne sert à rien de dire à un enfant qui pleure : « arrête de pleurer » mais plutôt : « pourquoi pleures-tu ? Es-tu triste, en colère, frustré ? ». Écouter sa réponse et montrer de l’empathie tout en expliquant les choses sera bien plus efficace. Il faut l’aider à trouver l’émotion qui le submerge pour lui permettre de la reconnaitre plus tard.

    Vous verrez que lorsqu’on aide son enfant à identifier son émotion et qu’on lui montre clairement qu’on l’accepte, il va très certainement s’arrêter de crier, pleurer ou fulminer.

    De plus, un enfant n’a pas toujours la capacité à s’apaiser seul et si ses parents le réconfortent, il gérera d’autant mieux ses frustrations à l’âge adulte. Aussi n’hésitez pas à le prendre dans vos bras pour l’aider à s’apaiser et cela à toute âge.

    En résumé :

    • Observez votre enfant, la situation, et réservez une place pour accueillir son émotion plutôt que la vôtre, quand c’est possible !
    • Posez-lui des questions pour mieux comprendre l’émotion qui le submerge
    • Nommez l’émotion de votre enfant pour qu’il se sente compris
    • Parlez d’une voix calme et posée

    Des études menées en 2013 par Rebecca Waller de l’université d’Oxford ont montré que les éducations sévères peuvent déboucher sur des comportements antisociaux à l’âge adulte. De même, Rianne Kok, en  2015, étudie 191 enfants de 6 semaines à 8 ans et montre que lorsque les deux parents sont empathiques, il y a une augmentation de la substance grise du cerveau et un épaississement du cortex frontal, développant ainsi les capacités intellectuelles et affectives des enfants.

    Par conséquent, si vous voulez des vacances apaisées, n’oubliez pas que vos enfants ne sont encore que des enfants. Pensez au rythme et aux activités que vous leur proposez et surtout accompagnez leurs émotions, qu’elles soient positives ou négatives.

    Faites remarquer à votre enfant qu’il est heureux de nager avec vous, de partager une glace en votre compagnie ou de gagner aux mille bornes !

    Bonnes vacances les super-parents et rendez-vous en septembre !

    Solenne.

    Fondatrice de Soft Kids et maman de 3 super kids !

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